Patrimoine et histoire

Saint Médard et Sœur Rosalie

Voici les histoires de saint Médard et de sœur Rosalie, deux grandes figures de notre paroisse qui ont marqué notre quartier Mouffetard : saint Médard, sanctifié au XVe siècle sous Charles VII et sœur Rosalie, née en 1786, qui a énormément aidé les miséreux et les enfants.

La vie de saint Médard

Saint Médard voit le jour vers 456-458 à Salency à « une lieue de Noyon ». Il sera successivement évêque de Noyon et de Tournai. Il décède en 560 et sa réputation de sainteté fait très rapidement de sa tombe à Soissons un lieu de pèlerinage. Son père, converti au christianisme, est le seigneur de Salency et sa mère est de famille gallo-romaine. Très tôt, Médard se fait connaître par la sainteté de sa vie. On raconte qu’un jour il a donné son habit à un aveugle ; qu’un autre jour, il a donné un des chevaux appartenant à son père à un voyageur. Et si sa charité grandit avec l’âge, il est aussi de bon conseil ; les villageois n’hésitent pas à venir le consulter. Après avoir fréquenté l’école du village, il part dans les écoles littéraires de Vermand et de Tournai.

Prêtre puis évêque de Vermand

Remarqué par Alomar, l’évêque de Vermand, ce dernier l’élève au sacerdoce en 489. Médard devient alors le puissant et infatigable auxiliaire de l’évêque. Tous les traits qu’on rapporte à son sujet sont des actes de bonté. Il donne de larges aumônes à tous les indigents, y compris les paresseux. Après la mort d’Alomar, il est appelé à gouverner l’Eglise de Vermand. Médard refuse, prétextant son grand âge, puis finit par céder devant l’insistance du roi Clotaire I, du peuple et surtout du saint Pontife Rémi. Il est donc sacré évêque de Vermand en l’an 530 par saint Rémi.

Evêque de Noyon et de Tournai

Deux ans plus tard, devant la crainte des barbares, il transfère sa résidence à Noyon (Noviomagus). Médard va fonder et affermir l’Eglise de Noyon. Il érige cette ville en un évêché uni à Tournai en 581. Sainte Radegonde (518-587), la fille du roi de Thuringe et femme du roi Clotaire, reçoit le voile des mains de St Médard puis fonde la grande abbaye de Ste Croix à Poitiers. Saint-Médard connait beaucoup de difficultés avec le diocèse de Tournai, car les invasions ont ramené les superstitions païennes. Tournai est alors sous la domination des Francs Saliens et devient le berceau de la dynastie mérovingienne. Clovis, qui y naît en 465, en fait le siège d’un évêché.

Protecteur du royaume de France

Sa mort, le 8 juin 560, est un sujet de deuil non seulement pour ses diocésains mais pour tous les Français habitués à vénérer en lui un protecteur et un père. Comme Noyon et Tournai se disputent sa dépouille, Clotaire vient la réclamer. Il porte lui-même le corps du saint et fait solennellement déposer ses restes à Soissons, sa capitale. St Médard prend rang de saint protecteur de la royauté française au temps de Charles VII (1427-1462), tout comme Radegonde, particulièrement honorée elle aussi par ce souverain. Saint Médard est le patron des agriculteurs et des viticulteurs

  • Ecoutez l’interview du père Albert Gambart sur la vie de saint Médard

La vie de sœur Rosalie Rendu

Sculpture à saint Médard par Alain Courtaigne

Pendant plus de cinquante ans sœur Rosalie a sillonné le 5e arrondissement pour soulager toutes les peines et éduquer tous les jeunes. A sa mort, ils furent des milliers à suivre son cercueil jusqu’au cimetière Montparnasse où elle repose. sœur Rosalie Rendu a été béatifiée par la pape Jean-Paul II en 2003.

Jamais je ne fais si bien l’oraison que dans la rue.  

Envoyée à Mouffetard, auprès des miséreux

Le bureau de charité, dont sœur Rosalie a la charge, doit faire face à cette extrême pauvreté, avec des moyens limités. sœur Rosalie déploie une activité sans limites au service des pauvres. Elle les visite, leur apporte réconfort et assistance ; elle veille les malades et les mourants.Née en 1786 dans le pays de Gex (près de Genève), sœur Rosalie entre à quinze ans au noviciat des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, à Paris. Très vite, elle est envoyée au faubourg Saint Marceau, sur le territoire de la paroisse Saint-Médard. La rue Mouffetard et ses abords sont alors des quartiers misérables. Le chômage y sévit. Les épidémies y sont fréquentes. La faim tenaille de nombreuses familles.

Une réputation de charité

En 1820, elle fonde une école dans la maison de secours de la rue de l’Epée de bois. En 1844, elle y ajoute une des premières crèches. Les femmes peuvent ainsi laisser leurs enfants pour aller travailler. De nombreux donateurs lui permettent d’amplifier son action. Dans son parloir se presse une foule toujours plus nombreuse. Des étudiants de la Sorbonne sollicitent ses conseils pour, à leur tour, se mettre au service des pauvres. Parmi eux, le bienheureux Frédéric Ozanam, fondateur de la société de Saint-Vincent-de-Paul.

Au milieu des barricades

Pendant les troubles des années 1830 et les journées révolutionnaires de 1848, elle s’interpose entre les combattants. En 1848, elle sauve de la foule un officier et monte sur les barricades : « Mais cessez donc le feu ! N’ai-je pas assez de veuves et d’orphelins à nourrir ? » Le calme revient dans le faubourg. Pauvre au milieu des pauvres, sœur Rosalie donne jusqu’à la fin de sa vie le témoignage de la compassion et de l’amour. À sa mort en 1856, c’est le quartier tout entier qui suit son cercueil. Ceux qu’elle avait tant aimés lui rendent ainsi un magnifique hommage.

Sœur Rosalie a été béatifiée par le pape Jean-Paul II, le 9 novembre 2003.
Une chapelle lui est dédiée dans l’église Saint-Médard.
Une statue, œuvre du sculpteur Alain Courtaigne, rappelle son action.

Voici un extrait de l’homélie du pape Jean-Paul II pour la béatification de sœur Rosalie :
« A une époque troublée par des conflits sociaux, Rosalie Rendu s’est joyeusement faite la servante des plus pauvres, pour redonner à chacun sa dignité, par des aides matérielles, par l’éducation et l’enseignement du mystère chrétien, poussant Frédéric Ozanam à se mettre au service des pauvres. Sa charité était inventive. Où puisait-elle la force pour réaliser autant de choses ? C’est dans son intense vie d’oraison et dans sa prière incessante du chapelet, qui ne la quittait pas. Son secret était simple : en vraie fille de Vincent de Paul, comme une autre sœur de son temps, sainte Catherine Labouré, voir en tout homme le visage du Christ. Rendons grâce pour le témoignage de charité que la famille vincentienne ne cesse de donner au monde ! »