Neos et Kainos

En grec, deux termes sont utilisés pour qualifier la nouveauté. Le premier, Neos, se rapporte à une réalité récurrente, type rentrée des classes, Beaujolais nouveau, anniversaires en tout genre. Le second, Kainos, qualifie une nouveauté plus radicale détachée de toute espèce d’antériorité, une nouvelle forme, quelque chose qui n’a jamais existé. Le terme conviendrait bien pour un enfant : on peut avoir donné naissance à une demi-douzaine de Sapiens (vous voyez que je reste modeste dans mes hypothèses) le suivant ne sera jamais identique aux précédents et manifestera sa singularité dès ses premiers vagissements. La nouveauté dans le sens de Kainos est assez rare, et pour la tradition biblique elle est même la marque de Dieu : Voici que je fais toutes choses nouvelles (Isaïe 43,19).

Saint Médard est ma sixième paroisse, et cinquième comme curé – dans cette fonction ce sera vraisemblablement la dernière – et si on peut sans doute trouver des constantes dans ces différents ministères, on peut véritablement parler de Kainos à chaque arrivée dans une nouvelle communauté. C’est à la fois impressionnant, on laisse ses frères et ses sœurs pour repartir à zéro, mais aussi très réjouissant pour partager avec vous l’éternelle nouveauté de Dieu.

Pascal Genin