7 juin 2020: sauvés, nous le sommes déjà !

En ce dimanche après Pentecôte et d’après déconfinement prudent, l’évangéliste Jean résume en un court texte l’action de Dieu. On trouve là comme trois marches d’escalier. La première : Dieu aime ce monde et les êtres qui l’habitent au point de donner sa vie. Deuxième marche : Jésus n’a pas pour objectif le jugement mais bien plutôt le désir de nous sauver. Troisième marche : Cela dépend de nous, nous pouvons échapper au jugement et être sauvés, déjà maintenant ! 

Pan sur le bec donc à tous les grincheux qui mettent en avant un Dieu de courroux ! Notre Dieu n’est pas un surveillant général, mais un mendiant de notre amour en réponse au sien. Nous disons : « Dieu tout puissant » mais il convient de préciser : « tout puissant en amour ». Notre Dieu est « le très bas » qui ne s’impose pas, mais s’expose et quête notre « action de grâce » Cette expression, plus riche qu’un simple « merci » signifie une reconnaissance en actes lorsque nous nous efforçons de mettre les couleurs de l’Évangile dans nos rencontres.

            Le plus surprenant est l’annonce concernant le « jugement ». En grec le mot exprime l’action de discerner, de séparer. Pas d’abord celle de condamner ou de punir. Tout ne se vaut pas, il faut bien un discernement-jugement. Ainsi dans la parabole de Matthieu 25 sur les justes et les injustes qui ont donné à manger, à boire, ont visité les malades, les prisonniers…Il convient en effet de discerner ce qui dans notre vie revêt – ou bien ne revêt pas – la saveur de l’Évangile. En effet rappelons-nous : « ce que tu as fait au plus petit c’est à moi que tu l’as fait » Pendant l’épreuve du confinement, nous avons été témoins ou acteurs de réactions d’égoïsme ou d’individualisme forcené et aussi, et surtout, témoins ou acteurs de tant de solidarités nouvelles !

            Sauvé, nous le sommes déjà, par un Dieu qui dit au dernier moment au bon larron : « Tu seras avec moi » Notre seule question : décider d’entrer – ou de ne pas entrer – dans le cercle vertueux de la grâce. Il s’agit alors non pas de chercher à nous défendre contre un Dieu perçu comme menaçant. Il s’agit bien plutôt d’entrer dans la reconnaissance : elle consiste en une succession d’actes quotidiens en faveur des autres…pour « faire son salut », ou plus fidèlement à Jésus, « faire NOTRE salut ».                 

Père Alexis Bacquet