Nous étions en confinement ! Nous voici en déconfinement, avec une épée de Damoclès sur la tête ! Déconfinement, oui, mais attention au retour de bâton ! Depuis le début du Carême jusqu’à la fin du temps de Pâques, c’est une étrange impression de pertes de repère : les jours se succèdent et se ressemblent, une certaine insécurité s’installe ! Certains piaffent d’impatience, d’autres se résignent à cet immobilisme ! Les optimistes disent : ça va redémarrer, le monde n’en est pas à sa première crise ! Les pessimistes disent : attention, le virus est toujours là, invisible mais bien réel, il ne faut pas bouger. Entre optimisme et pessimisme, je me suis posé la question le jour où il m’a été proposé de participer à la distribution de colis repas pour les gens qui en avaient besoin. Partagé entre l’idéal chrétien du service de charité qui nous pousse à nous engager, et la prudence du pasteur qui se dit : « Est-il raisonnable d’appeler des bénévoles à une action ouverte aux autres quand le risque existe d’être contaminé ? » Comment trouver le juste chemin ?
Entre l’Ascension et la Pentecôte, les apôtres sont restés au Cénacle, avec Marie : une retraite de prière ! Ils obéissaient alors à la Parole de Jésus : « Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous, vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ! » Le jour de la Pentecôte, cette prophétie se réalise ! Les disciples sortent du Cénacle, forts d’une force inconnue jusqu’alors ! Ce temps de prière des apôtres autour de Marie entre Ascension et Pentecôte m’évoque ce moment où les marins préparent leur embarcation, dressent le mat, vérifie la voile.
Mais ils ne peuvent pas prendre la mer tant que le vent ne souffle pas, ils ne sont pas créateurs du vent. Au jour de la Pentecôte, le vent souffle, et ils hissent la voile ! Le bateau peut prendre le large !
Il est là, le juste chemin, dans le souffle de Pentecôte, dans le vent de l’Esprit ! Après la Résurrection du Christ, les apôtres étaient enfermés. Ils avaient peur de ceux qui avaient tué Jésus. Cette peur prend fin à la Pentecôte, quand ils reçoivent l’Esprit Saint. Ce n’est pas au prix d’un effort personnel qu’ils vont sortir de leur peur ! C’est grâce à l’Esprit Saint qui leur est donné. Alors, toute peur s’évanouit, et le témoignage jaillit avec force : « Il est vraiment ressuscité, ce Jésus que vous avez crucifié ! »
Aujourd’hui comme hier, la Pentecôte demeure actuelle ! Par la prière, il convient de préparer nos cœurs à la mission. Quand souffle le vent de l’Esprit, il nous faut prendre le large. Ce temps de confinement a été pour beaucoup une épreuve spirituelle. Mais, dans la foi, je suis persuadé que comme pour les apôtres, la grâce de l’Esprit qui nous est donnée en ce jour de Pentecôte peut chasser toute peur. Il ne s’agit pas de retrouver le monde d’avant ou d’être terrifié à l’image que nous nous faisons du monde d’après ! Il s’agit de vivre le présent dans le vent de l’Esprit, et de garder notre cap, à la suite du Christ.
Ce temps si particulier est une formidable occasion de mettre notre foi dans le Christ qui nous sauve, de sentir en notre cœur l’amour brûlant du Père pour notre humanité, et de rendre compte au monde de l’invincible espérance qui nous vient du don du Saint Esprit. Alors, très bonne fête de la Pentecôte, au vent de l’Esprit !
Père Albert Gambart