10 avril 2022 : Miracles et royauté de Jésus

Cette année, c’est Luc que nous entendons dans l’évangile des Rameaux et de la Passion. Nous connaissons bien cet évangile où Jésus est accueilli triomphalement par les foules à Jérusalem. Cependant, Luc ajoute une précision qui est absente des autres évangiles : « Toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus ». Ainsi, Luc prend la peine de dire pourquoi la foule se met à louer Jésus. Elle l’acclame même comme roi : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ». Là encore, parmi les synoptiques, Luc est le plus explicite.

Le témoignage des miracles et la royauté de Jésus constituent un double motif que l’on retrouve dans le récit de sa mort en croix. Alors que Jésus est suspendu au bois, les chefs du peuple, les soldats et le mauvais larron se moquent de lui parce qu’ils ont vu ses miracles : « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu », disent les chefs du peuple. De même, Jésus est exposé aux outrages est aux sarcasmes comme en témoigne le panneau placé sur la croix : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Sur la croix, la divinité de Jésus se cache : ses miracles disparaissent, sa royauté prend une autre tournure.

En voyant les atrocités commises en Ukraine, au Mali, au Pérou, et celles que je commets dans mon propre cœur, il me serait facile d’adopter l’attitude cynique de la foule. Au lieu de cela, le récit de la passion et de la mort du Seigneur interroge notre foi : saura-t-elle aller jusqu’au bout, là où Jésus est allé ?

P. Philippe Cazala